La partie post-soviétique du continent européen est marquée par les traces d’anciens conflits interétatiques et ethniques. La réactivation de ces gisements mémoriels est toujours possible. Divers acteurs incorporent ainsi dans leurs répertoires d’action des stratégies historicisantes afin de « recycler » les représentations de passés « douloureux » dans les jeux politiques actuels. De
nouveaux sites de mémoire (par exemple Tchernobyl), de nouveaux acteurs (comme les « agents », « collaborateurs »
« témoins auxiliaires »), de nouvelles institutions (telles que les Instituts de la mémoire nationale), des débats mis à jour pour qualifier les crimes du passé, notamment les génocides, intéressent les sciences sociales. L’originalité de cet ouvrage, qui poursuit la réflexion entamée dans L’Europe et ses passés douloureux (G. Mink, L. Neumayer, dirs., La Découverte, 2007), est de présenter à travers 17 études comment la fin du communisme a été à l’origine d’une déstabilisation des points de repère mémoriels et, à bien des égards, des
identités collectives en Europe post-communiste. Ses auteurs donnent à voir comment s’opère le repli sur une histoire nationale héroïque marquée par des accents nationalistes exaspérés. Ils examinent aussi les effets de l’européanisation sur l’espace mémoriel post-soviétique. Les dates des
élargissements à l’Europe centrale et orientale (2004 et 2007) sont des césures qui creusent le fossé mémoriel entre l’Ouest et l’Est. Les deux moitiés de l’Europe n’ont pas le même référentiel, elles s’inscrivent dans des temporalités désaccordées. Cet ouvrage présente l’intérêt d’enrichir le champ d’études de la sociologie et de la science politique de la mémoire. Il donne aussi à comprendre, sous la plume de spécialistes reconnus de l’aire géopolitique post-soviétique, les différents phénomènes d’historicisation à l’œuvre en Europe centrale et orientale.
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€30.00Prix
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