Le rapport de Hegel à la religion est aux antipodes de la réception française de sa pensée. Bien loin de voir en Hegel un athée, l’auteur montre comment celui-ci a tenté de penser ce qui permettrait de résoudre la crise du sens qui frappe la modernité. Hegel avait une conscience aiguë de vivre une époque de transition annonciatrice d’une ère nouvelle. Celle-ci se heurterait à la difficulté de transmettre ce qui, pour la tradition, avait fait le sens même de l’existence : la foi et l’intelligence de la foi. Loin de vouloir rompre avec cette tradition -dans son système, la religion relève de ce qu’il appelle « l’Esprit absolu -, Hegel tente au contraire de l’éclairer, de jeter sur elle un regard renouvelé. Comment réconcilier la foi chrétienne et l’apport de la philosophie des Lumières ? Telle est la question à laquelle tente de répondre ce philosophe de l’Esprit qui conjoignait une âme mystique avec l’intellect du penseur le plus rigoureux. Il ne faut donc pas s’étonner de le voir affirmer la possibilité d’une authentique intelligence de ce que signifie le mot Dieu, la foi étant cette précompréhension intime que l’homme a de Dieu : savoir confiant et non croyance, dont les formulations chrétiennes élaborées par l’histoire dans le langage de l’Antiquité tardive peuvent et doivent être éclairées, réfléchies par la philosophie. Prenant acte de l’effondrement de sa transmission traditionnelle, il forme « le souhait que < ses leçons sur la philosophie de la religion > offrent une direction en vue de l’avancement de l’esprit religieux et y aient contribué » et conclut qu’« il faut laisser à l’époque présente le soin de se tirer d’affaire .
Agrégée de philosophie, France Farago enseigne en classes préparatoires aux ENS au Lycée Chaptal à Paris. Elle a publié chez Armand Colin notamment L’Art, Le Langage, La Nature, La Justice.
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