Du coin d’une petite maison sur une petite île qui fait saillie comme un os sous la peau de la mer.
Comment ne pas entendre sourdre dans cette représentation sereine d’une île grecque, tirée de Fugitive Pieces, roman d’Anne Michaels, l’image inquiétante et improbable des camps de la mort auxquels Jakob, réfugié à Zakynthos, a échappé ? La mer ici devient épiderme, surface qui, par sa définition même, fait éprouver le sentiment d’un insondable. Entre l’enfoui et l’émergeant, l’écriture a réussi à dire le trauma.
À partir de cette image de l’affleurement, un corpus relativement étroit a été retenu pour tenter de mettre en lumière un certain nombre d’intuitions de la littérature sur le fonctionnement du trauma, que Freud n’aurait sans doute pas désavouées. Les quelques romans ou nouvelles du XIXe choisis pour leur pertinence théorique sont ensuite chacun confrontés à un texte contemporain sur un point précis émergeant de la lecture des premiers. À titre d’exemples, la dialectique de l’amnésie et du surgissement mémoriel, la tension entre effraction et vide de l’absence, la fragmentation, l’après-coup… Aux antipodes de la démarche qui consisterait à appliquer une grille de lecture, la réflexion vise à débusquer parallélismes, lieux de rencontre, mais aussi écarts entre psychanalyse et fiction, pour tenter de découvrir la logique de ce contrepoint.
Ainsi, d’auteur en auteur – C.B. Brown, E.A. Poe, H. Melville, A. Bierce, T. Williams, J. Ellroy, F. Howe,
D. DeLillo, P. Auster, A. Michaels, H. James –, cette lecture s’attache à dégager les fondamentaux métaphoriques du trauma tels qu’ils peuvent s’inscrire formellement dans divers textes et les constituer en « écrits en souffrance ».
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€18.00Prix
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