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Durant l’ère victorienne, tout un monde mystérieux s’ouvre à la colonisation, tandis qu’apparaissent les romans de monde perdu, héritiers des voyages extraordinaires des siècles précédents. Étonnamment, on revient aux valeurs du Moyen Âge et en particulier à l’esprit chevaleresque arthurien qui représente au XIXe siècle un nouvel idéal. L’Afrique offre ses obscures « terres de rêve » à une nouvelle épopée chrétienne. Le colon britannique n’est que la réincarnation moderne du chevalier Galahad en quête de nouveaux Graals.
Les mondes perdus de H. Rider Haggard réactivent l’imaginaire médiéval, créant une « nouvelle » mythologie, celle d’une Afrique nourrie de fantasmes millénaires. Tel un chroniqueur des derniers siècles du Moyen Âge, Haggard décrit moultes « races » monstrueuses ou fabuleuses. Au cœur des ténèbres africaines, on redécouvre des mondes enfouis : peuples terrifiants, ruines énigmatiques, faune inconnue. Sur cette Afrique véritablement « fantôme » se projettent les mythes et les croyances d’antan, exhumant les dieux païens et la liberté noire des désirs inassouvis. Ce glissement de l’Afrique « réelle » à une Afrique mythique est évident chez Haggard, mais aussi chez E. R. Burroughs (Tarzan) et R.E. Howard (Solomon Kane).
Au moment où la fantasy triomphe aujourd’hui universellement dans l’édition ou le cinéma, il était nécessaire de mettre en lumière l’influence médiévale sur le roman d’aventures britannique au XIXe siècle, en particulier dans l’œuvre passionnante de Rider Haggard – une influence qui n’est pas près apparemment de s’éteindre.

Spécialiste des littératures de l’imaginaire, Lauric Guillaud est professeur émérite de littérature et de civilisation américaines à l’Université d’Angers.

Des mines du roi Salomon à la quête du Graal

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